C’était aujourd’hui la commémoration de l’armistice de la Première guerre mondiale.
A Monteux, cette cérémonie a été bien organisée, tout comme celle du centenaire le fut l’année dernière. Le mouvement citoyen était présent, c’était un bel hommage à nos ancêtres qui ont vécu ce conflit. N’oublions pas !
En recherchant qui étaient les 151 noms des Montiliens gravés sur le monument aux morts, nous apprenons que beaucoup appartenaient au XV corps d’armée de terre. C’était une unité composée essentiellement d’hommes de notre région et de Corse.
L’histoire de cette armée est assez sombre : en août 1914, après la lourde défaite en Lorraine, pour se défausser de leurs propres erreurs, le ministre de la guerre ainsi que le Généralissime Joffre firent du XVème corps un bouc émissaire. En réalité, ce XVème corps a été envoyé ‘’au casse-pipe’’ avec la cavalerie, un armement inadapté et les fameux pantalons rouges pour l’infanterie… Arrivés en territoire ennemi, ces soldats furent une cible facile pour l’artillerie allemande et ce fut une véritable hécatombe (10 000 morts par jour !)
L’accusation lancée contre les troupes du XVème corps dont le 58éme régiment d’infanterie d’Avignon, était une campagne de dénigrement contre les soldats venant du sud. Insultes, vexations, sarcasmes étaient le lot quotidien des soldats du Midi qui furent souvent stigmatisés comme de mauvais patriotes, des paresseux, des lâches… Pourtant beaucoup de faits de guerre ont démontré tout le contraire… Ajoutons également qu’à cette époque la presse parisienne parlait du « Midi rouge » en raison de ses votes favorables aux courants progressistes comme le Socialisme (le vrai) porté par Jean Jaurès. Cette affaire du XVème corps intervient d’ailleurs quelques jours après l’assassinat de ce dernier qui militait contre la guerre…
Georges Clémenceau, peut-être encore aigri par la révolte des viticulteurs du midi rouge qu’il avait durement réprimé en 1907, publiait alors dans son journal l’Aurore :
« Notre 15e corps a cédé à un moment de panique et s’est enfui en désordre sans que la plupart des officiers aient fait paraît-il tout ce qui était de leur devoir pour l’empêcher… On connaît la nature impressionnable des Méridionaux. »
Face à l’indignation de la population provençale, déjà meurtrie par les nombreux décès, cette campagne d’accusation publique s’arrêta pour ne pas briser l’Union sacrée face à l’invasion allemande. Ce n’est qu’à la fin de la guerre qu’on réhabilita ce XVème corps et « les soldats de l’aimable Provence »
Toutefois, cette calomnie laissa des traces pendant la guerre et des soldats méridionaux furent accusés à tort du simple fait de leurs origines régionales. Nombreux sont ceux qui font partie des quelques 700 soldats fusillés pour l’exemple en France. Ces jeunes hommes ont souvent été condamnés et exécutés suite à des accusations sans fondements dans le cadre de procès à charge et expéditifs. Leurs familles ont dû vivre avec la honte de ce qualificatif de traitres alors qu’il n’en était rien…
En 1921, l’assassin de Jaurès fut acquitté mais les fusillés pour l’exemple ne furent pas réhabilités… Plus d’un siècle après cette guerre, il serait souhaitable pour tourner cette triste page de notre histoire d’enfin honorer toutes les victimes, même les fusillés pour l’exemple… L’important étant maintenant de se retrouver autour de notre République et de ses valeurs !
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