Après un premier article consacré aux déchets générés par les transports en direction de la déchetterie route de Velleron, nous continuons le dossier des déchets qui jalonnent nos chemins, nos routes et nos champs.
Ce deuxième volet concernant les déchets éparpillés dans notre environnement direct, sera l’occasion d’évoquer la toxicité induite par les matières plastiques sur les sols. Les sols étant le support des cultures, la présence de ces plastiques principalement a une incidence directe sur le contenu de notre assiette et au final sur notre santé.
La pollution diffuse de nos sols :
Les micro-organismes capables de digérer les polystyrènes, polyuréthanes et autres plastiques ne se trouvent pas naturellement dans le sol mais seulement en laboratoires. Sans manipulation (ramassage) les déchets plastiques (jetés par un simple geste de négligence) vont rester sur place et se fragmenter.
Ils deviennent des micro plastiques qui se dispersent, créent de la pollution diffuse et changent la structure des sols. Les sols perdent alors leurs propriétés de rétention d’eau et de résistance à l’érosion.
A l’échelle microscopique ces « petits bouts » de plastiques sont des molécules qui sont des perturbateurs endocriniens et de développement. Ils seront présents dans les cultures grandies sur ces sols.
Lorsque nous mangeons ces aliments contenant ces toxines, celles-ci sont stockées dans notre corps. Ce sont nos cancers de demain. Nous ne sommes en effet pas conçus pour gérer ni pour évacuer ces toxines.
D’autres sources de pollution diffuse sont liées aux produits phytosanitaires utilisés à des concentrations plus ou moins importantes dans l’activité agricole. Celle-ci représente la moitié du territoire français. Les activités arboricoles sont très consommatrices de ces produits. A titre d’exemple, la viticulture, présente sur 1 % du territoire français cultivé, totalise 20 % des produits phytosanitaires commercialisés.
Les sols sont notre assurance vie pour nous humains puisque ce sont les sols qui nous nourrissent.
Le sol intègre l’histoire : les bons et les mauvais traitements subis. Le sol est profondément ouvert sur l’atmosphère et sur l’eau et les rivières. A l’intérieur du sol circulent de toutes petites choses : les micro organismes qui constituent la dynamique des sols. Mais aussi les contaminants comme les métaux lourds et les hydrocarbures.
Un sol s’hérite et ne se fabrique pas. Il faut mille à dix mille ans pour constituer un sol. Un centimètre de sol se constitue en 400 ans à 500 ans en moyenne.
Des solutions à notre échelle :
Une responsabilité collective, où chacun a sa place et un rôle à tenir
Le plus simple et le moins coûteux, en termes de santé humaine et de coût sur les systèmes de santé collectifs, est de faire porter nos efforts en amont.
Si l’on se concentre sur la question des déchets avant qu’ils ne se transforment en micro déchets que l’on ne pourra plus extraire et qui passeront dans notre alimentation, examinons les possibilités d’action à notre échelle.
1er niveau de responsabilité et premier maillon de la chaîne :
Pour celui qui jette négligemment, souvent depuis le volant de sa voiture en regardant ailleurs, la demande expresse est de changer cette habitude. Malgré l’effet libérateur qu’exerce manifestement la vitesse sur ce conducteur ou passager, auquel s’ajoute le phénomène du « pas vu pas pris ». donc « autorisé ». Tout un état d’esprit à remettre en question ...
Force est de constater, sans qu’on se l’explique clairement, que l’automobiliste se sent autorisé à faire ce qu’il ne ferait même pas chez lui. Le sujet est rarement abordé et pourtant omniprésent.
Sur le territoire de notre commune, nous identifions une seconde source de déchets plastiques importante en volume, celle liée aux lambeaux de plastiques agricoles. Une partie de ces plastiques est collectée (Récup agri), l’autre partie est stockée en bordure de champs parfois pendant des années, qui se transforme en une myriade de lambeaux qui parsèment les terres. Au passage du labour lors du changement de cultures, ces lambeaux de plastiques sont mélangés et intégrés à la terre support de cultures.
Ce phénomène se cumule avec l’aspersion de pesticides évoqués plus haut.
2ème niveau de responsabilité : le promeneur, le randonneur., le coureur, le cycliste :
Les chemins de la commune connaissent une forte fréquentation, à pied ou à vélo.
Aux usagers des parcours communaux, nous disons qu’il convient de prendre conscience de la part de responsabilité portée par chacun à titre individuel dans le maintien en l’état ou au contraire dans la disparition progressive des déchets de nos paysages et de notre environnement naturel direct.
La durée de vie des plastiques est extrêmement longue. Si les usagers les laissent là où ils ont été jetés, ils retrouveront chaque jour à heure fixe de leur sortie en extérieur le même déchet, qui se cumulera peut-être avec un nouveau arrivé là entre temps.
Si au contraire, ils effectuent un ramassage systématique, leur parcours sera à nouveau neuf comme au premier jour. Le résultat est immédiat en terme de bénéfice de la promenade : chaque promeneur est immergé dans un lieu propre et sain qui régénère celui qui vient là précisément pour rechercher cet effet.
Deuxième effet bénéfique de ce ramassage, nous bloquons en amont la chaine de circulation des plastiques qui tôt au tard se retrouvera dans notre assiette, si ce n’est dans nos légumes, ce sera dans nos poissons. Nous livrerons prochainement des données récentes enregistrées sur ce phénomène.
C’est à de nouveaux gestes et réflexes qu’il convient de s’atteler avec la conscience de se faire doublement du bien : à soi-même tout d’abord en effectuant son parcours de promenade ou sportif, mais aussi en exerçant une action en responsabilité qui profite directement à notre collectivité.
Soyons en convaincus, il est à notre portée de nous redonner un environnement sain pour tous, si chacun y met du sien en commençant à l’échelle de notre commune.
Troisième niveau de responsabilité : les équipes techniques.
Pour accompagner la progressive prise de conscience collective et le passage à l’action sur le plan individuel, les services communautaires ont un rôle de relais à endosser, qui peut s’exercer de diverses manières.
Parmi les multiples situations observées, le travail de l’épareuse / faucheuse pourrait être précédé d’un passage minutieux des équipes de nettoyage sur ces mêmes itinéraires. Cela éviterait tout simplement de rendre plus difficile le travail de ramassage des déchets par les divers bénévoles comme c’est le cas actuellement.
Jusqu’à présent, la seule solution trouvée par les services de nettoyage est de broyer « la matière inerte» avec l’herbe. C’est désormais la norme que de longer des talus parsemés de plastiques broyés au dessus d’une herbe fraîchement tondue … une sorte de flocons de neige de plastique parsemant le tapis herbeux.
Une administration locale responsable ne peut plus se satisfaire de telles pratiques (surtout lorsque la communication municipale affiche à longueur de panneau lumineux des amendes pour animaux « errants », pourtant plutôt rares dans la réalité). En revanche la question des déchets sauvages, qui est une nuisance généralisée sur un périmètre particulièrement étendu, apparaît insuffisamment en communication publique à Monteux.
A ce stade, il convient de rappeler qu’un pôle touristique est en train de se développer du côté du lac et d’attirer un nombre considérable de visiteurs drainant avec eux autant de déchets sauvages qui seront laissés sur place après leur départ sur un large périmètre bien loin du centre ville.
La participation conjointe des habitants circulant à pied ou en deux roues et des services de nettoyage largement déployés est la condition pour que nous retrouvions un territoire propre et harmonieux plutôt que jonché de déchets durables comme c’est le cas en de multiples endroits. Sans exagérer les espaces non saccagés sont devenus l’exception et les déchets en tout genre sont devenus la norme. Ceux qui prétendraient le contraire soit ne circulent qu’en voiture soit ne restent que dans le périmètre de l’hyper centre. Dans les deux cas ils ne se trouvent pas directement confrontés à cette réalité.
En proposant ces pistes d’action, nous ne faisons que donner une résonance aux engagements pris par notre commune en 2017 en matière « d’innovation pour l’environnement » lors de la signature de la convention « ville et territoire ». Changer d’état d’esprit, pour changer les pratiques qui dégradent le bien commun est une des composants de l’innovation.
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