Nos vies sont pleines de paradoxes, nous recherchons toujours plus ardemment et toujours plus loin des lieux préservés, authentiques, hors du temps, sauvages même, à l’écart de cette frénésie quotidienne. Et nous ne bougeons pas lorsque l’on détruit le peu qu’il reste de nos espaces naturels locaux.
Qu’est ce qui fait la qualité d’une ville, qu’est ce qui en fait son attrait, pourquoi allons-nous nous promener dans tel village plutôt que tel autre, qu’est ce qui donne « l’atmosphère », l’authenticité ?
Une place de village on l’on peut s’asseoir et regarder les passants, une ruelle envahie par la végétation, un artiste qui a investi les rues de son art insolite, le bruit d’une fontaine joint à celui des bistrots, une belle tour, quelques jolies façades, un cours d’eau.
Monteux n’a rien à envier aux totems touristiques que sont l’Isle sur Sorgues ou Pernes-les-Fontaines, elle doit juste retrouver son âme et se remettre en accord avec ses habitants pas avec ses véhicules !
La libre circulation des biens et des personnes a atteint aujourd’hui une dimension incontrôlable. Nous sommes entraînés malgré nous dans un flux et un rythme de déplacement dans lequel nous perdons peu à peu la vision du monde.
Le comble du paradoxe, c’est que nos villages s’aménagent aujourd’hui autour de ces machines. Nous parlons parkings, routes, dos d’âne, chicanes, trottoirs, rond points,… La ville s’engage sur des programmes d’aménagement routiers extrêmement coûteux et polluants et éventuellement l’on plante quelques arbres pour verdir ça et là le goudron.
La nature est généreuse, abondante. Pourtant, nous avons réussi à la commercialiser, la rendre artificielle. On ne conçoit plus un espace « vert » sans une bâche plastique sur laquelle sont mis en valeur quelques végétaux hybrides sélectionnés et clonés et bien souvent importés. Chaque plante, chaque arbre est maîtrisé dans son développement et sa reproduction ne peut plus se faire spontanément.
Nous arrachons tout ce que nous ne pouvons pas nommer !!?! Nous faisons la guerre aux brins d’herbe qui dépassent de nos trottoirs, de nos centres-villes dallés et stérilisés. L’accès à la terre est impossible en ville, elle se limite à des espaces carrés de 1m/1m et la grande mode est aux bacs « jardinières » (dallés dessous !!). Une ville imperméable. Et l’on reste persuadé que ce sont uniquement les pesticides qui ont détruit 60% des oiseaux et des animaux terrestres...
Nous devons retrouver nos liens à la terre, planter des espèces nourricières, locales, figuiers, abricot, fraise vigne et prolifiques, dé-imperméabiliser les sols en créant ou en augmentant la taille des massifs partout où cela est possible, composter les « déchets verts » pour redonner de la biodiversité au sol qui nourrira le reste, planter petit en taille, planter en nombre et inciter tout le monde (associations, école …) à jardiner la ville de façon nouvelle, durable, abondante, foisonnante d’idées et de richesses offertes.
Valoriser l’Auzon, valoriser notre patrimoine, créer des parcours cyclables protégés pour des promenades en famille. (Rien sur Monteux mis à part Beaulieu et ces « magnifiques » constructions intégrés de façon si harmonieuse à leur environnement !!).
Les aménagements publics n’ont pas besoin d’être onéreux pour être efficaces, mais ils doivent être réfléchis pour être cohérents et valoriser chaque espace dans une même optique : offrir un lieu beau, unique et de caractère aux habitants. Quelle est l’utilité d’une fontaine au milieu d’un rond-point ? Combien coûte l’installation de mobilier urbain « moderne » au design douteux ? Pourquoi les bancs sont-ils tournés vers les parkings ?
La reprise en main des aménagements par les services techniques permet de revaloriser le métier, de déployer des agents communaux en renforçant la présence humaine dans les quartiers, de former des apprentis dans des méthodes simples, artisanales d’économie et de recyclage. C’est ensemble que nous trouverons nos solutions et redonnerons tout son sens au développement durable.
Guillaume KANKA Paysagiste
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